Sylvain Saudan : 3 fois dans le Guinness Book, incroyable mais vrai ..

Il a battu des records pour avoir été le 1er homme à descendre à ski des sommets de 6000, 7000 et 8000 mètres. J’ai eu l’improbable privilège d’interviewer Sylvain Saudan, dit le Skieur de l’impossible dans un hall de gare.

Il est ce qu’on appelle un miraculé et le récit de sa vie est exceptionnel.

Aujourd’hui, Sylvain Saudan intervient entre autre chez Rolex pour motiver les troupes et organise des semaines de ski pour milliardaires dans la région du Cachemire en Inde.

A l’écouter, le temps s’arrête. Il est le genre de rencontre que j’aime partager. Bonne découverte

 

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Je suis Sylvain Saudan, appelé “Le Skieur de l’Impossible”, tout simplement parce que j’ai descendu en ski des montagnes réservées aux alpinistes équipés de piolets, crampons et cordes.

Cette première aventure a eu lieu en 1967 dans les Aiguilles de Chamonix, le couloir Spencer. Et par la suite, il y a eu ce que j’appellerais “La Progression”, c’est-à-dire à 5000, à 6000, à 7000, à 8000.

Dans ces descentes qui, si j’ose dire, m’ont laissé un grand souvenir, il y a par exemple le Mont McKinley en Alaska, où j’ai souvent l’occasion de présenter le film qui a été tourné lors de cette descente; il y a le Nun Kun qui atteint 7000m au Cachemire en Inde; et il y a le Hidden Peak qui atteint 8000m dans les massifs de l’Himalaya.

Toutes ces descentes sont effectuées dans des itinéraires d’alpinistes équipés de piolets, crampons et cordes. Ce sont toutes des premières et elles n’ont jamais été refaites.

  • Quels sont vos différents records ?

Je suis trois fois au Guinness Book des records. La première fois c’est pour la descente à ski de l’Innominata dans le massif du Mont Blanc, le Mont Mckinley et le premier 8000m dans le massif de l’Himalaya.

Mais je suis également ailleurs, auquel je donne beaucoup plus d’importance : il y a un livre qui remontait 200 ans en arrière et qui a choisi 50 personnages dans le monde pour illustrer ceux qui vont laisser des traces.

Ils sont parmi les cosmonautes, il y a des physiciens et je fais partie de cette équipe là.

  • Quelle est la descente qui vous a le plus marqué ?

Disons qu’elles m’ont toutes laissé un souvenir différent. D’autres m’ont aussi laissé des mauvais souvenirs, par exemple lorsque j’ai tenté le premier 8000 au Dhaulagiri où malheureusement nous avons perdu deux guides et un médecin au cours de l’expédition.

Nous sommes restés à 7600m, trois personnes gelées et nous avons dû sortir de la montagne par nos propres moyens.

Ce ne sont pas toujours des bons souvenirs mais en ce qui concerne les autres descentes, je crois quand même que je peux dire que c’est le 8000m parce que c’est l’aboutissement de tout alpiniste déjà, pas seulement du skieur.

Ce que je fais, je dois dire que “c’est un peu la réunion de l’alpinisme et du ski, je crois qu’avant tout il faut être alpiniste car il faut d’abord monter. “

Et le 8000m, vous montez avec des amis par la voie la plus facile mais que vous allez descendre à ski une pente qui n’a jamais été gravie, que vous quittez vos amis à plus de 8000m, que vous n’avez ni sac, ni à manger, ni à boire, ni casque.

Vous êtes seul sur des skis avec une paire de bâtons, vous savez que d’une manière ou d’une autre, vous allez arriver dans la partie inférieure mais si possible, en pouvant la raconter.

Heureusement, Dieu merci, j’ai pu le faire.

  • Combien de temps peut durer une descente ?

Il y a 8 heures de descente, il ne faut pas oublier. Et la chute n’est pas permise. Vous le faites dans de très mauvaises conditions parce que, lorsque vous arrivez à 8000 sans oxygène, vous n’êtes pas très en forme.

Et puis il se passe un autre phénomène, c’est une aventure complète, je ne pouvais demander de renseignements à personne car il n’y a aucun alpiniste qui, quelques minutes après, redevient un skieur.

Et à ces altitudes, tout est ralenti. Penser c’est ralentir. Effectuer le mouvement que vous avez pensé c’est encore au ralenti. Mais lorsque vous êtes sur les skis, eux glissent à la même vitesse là-haut que lorsqu’ils glissent à Chamonix, il ne faut pas oublier.

Là il risque d’y avoir un décalage et ce décalage entraîne automatiquement un manque de contrôle et ensuite, la chute fatale. Donc vous ne pouvez pas oublier car c’est toujours présent dans la descente : la chute n’est pas permise.

C’est quelque chose que vous n’ignorez pas. Et, il faut le savoir mais ne pas être paralysé, ne pas être pris par cette peur qui, automatiquement, engendrerait une faute technique.

  • Quelles descente vous a donné le plus de plaisir ?

Le plaisir était toujours le même que ce soit la première descente du Couloir Spencer parce que ça m’a donné une confiance pour aller plus loin, donc un énorme plaisir d’avoir réussi et de savoir qu’il y avait un avenir devant moi.

Et après quand vous augmentez la difficulté, que vous avez réussi, vous remettez à nouveau les compteurs à zéro et vous êtes toujours satisfaits, en gros.

Mais il est clair que le 8000 c’est la plus grande satisfaction pour la simple et bonne raison qu’en 1970, lorsque je descendais l’Eiger en Suisse, j’avais déjà fait beaucoup de chose et la presse à ce moment-là m’a dit : “Écoutez, après tout ce que vous avez fait, vous allez arrêter.”.

Alors j’ai dit : “Non, mon objectif est de descendre à ski le premier 8000m.” et je n’ai réussi qu’en 1982.

Vous pouvez vous imaginer la motivation qu’il faut avoir, et j’ai respecté les 6000 et les 7000 avant d’arriver à 8000. J’ai respecté à ski ce que les alpinistes ont respecté. Et la descente à 8000 était pour moi le pendant de la première ascension.

  • Comment êtes-vous arrivé à ce niveau ?

Dans un film, justement, je montre l’entraînement. Et comment je suis arrivé à cela, c’est très simple, à partir du moment où j’effectuais des virages quasiment sur n’importe quelle pente, dans toutes les qualités de neige et que je me suis demandé ce que je pouvais faire comme technique un peu plus poussée.

Il était très simple de le faire sur l’herbe d’abord pour ensuite aller sur les pierres. Celui qui peut faire des virages sur les pierres, il n’a plus de problèmes de qualité de neige. Dans toutes ces descentes, les qualités de neige ne sont jamais bonnes, alors si la qualité de neige était un soucis, est-ce que j’aurais pu le faire ?

Dû aux difficultés de la neige, c’est tout de même excessivement dangereux. Donc là, je pouvais dire, en skiant sur les pierres, aucun problème de qualité de neige donc j’oubliais ce qui ne faisait pas partie de mon calcul, des risques ou du danger.

Et puis un jour, je l’ai écrit dans le premier livre Skieur de l’Impossible, et les gens ne me croyaient pas alors j’en avais marre et je me suis dit que nous allions carrément le mettre dans un film. Ce que nous avons fait. Je rajouterais que j’ai eu l’occasion de descendre le Fuji-Yama au Japon sans un seul cm² de neige, en plein mois de Septembre, du sommet au pied de ce cratère.

  • Comment faisiez-vous pour ne pas casser vos skis ?

Pour moi le ski c’est comme un cheval, c’est quelque chose qui doit être docile. En même temps c’est presque un outil aussi mais je dirais que c’est péjoratif de dire qu’un ski est un outil. Il doit répondre et avoir toujours les mêmes réactions lorsque vous lui demandez quelque chose.

Tout ceci pour vous dire que les skis doivent être bien choisis et que c’est une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais cassé une seule paire de skis. Et les skis avec lesquels j’ai fait le Fuji-Yama existent toujours. Malheureusement il n’y a plus de semelle, il n’y a plus rien mais mêmes les carres ne sont pas arrachés.

  • Que voulez-vous laisser après votre passage ?

Je n’ai pas de motivation de laisser quelque chose mais j’apprécierais beaucoup, et j’apprécie ceux qui savent regarder les films, qui savent apprécier certaines choses et cela est largement suffisant.

Maintenant, je prendrais l’exemple de mon père qui m’a toujours dit : “Sylvain, ne donne jamais de conseils à personne, n’écoute pas les conseils de quelqu’un parce que tu sais assez bien te tromper toi-même.”

  • Comment développer sa motivation ?

Le motivation ce n’est pas quelque chose pour laquelle on doit se dire “je dois me motiver”, c’est quelque chose qu’on a en soi. Je pense qu’on l’a tous, mais la grande difficulté c’est de savoir qu’on l’a et la développer.

On la développe comment ?

On la développe avec des projets, qui peuvent être des projets dans le business, dans le sport ou pour de multiples raisons. Et à partir de là, on prend conscience de soi et de ce que l’on est capable de faire.

Cette motivation, au fur et à mesure de la recherche de la difficulté et en ne baissant jamais les bras, c’est quelque chose qui s’aiguise et finalement, c’est quelque chose avec laquelle on s’habitue à vivre et à un moment donné, cela devient presque une obligation. Mais tout ça se fait naturellement.

C’est comme le goût du risque : on l’a tous un peu à des degrés différents, mais il faut commencer par le début. Et le début c’est de se dire, si je fais du tennis, il n’y a pas grand risque si vous voulez mais il peut justement y avoir une motivation à un certain moment de pousser la condition physique un peu plus loin, essayer de se découvrir.

C’est dans l’effort et dans la difficulté qu’on se découvre soi-même et nous avons tous des réserves. Mais c’est vrai que nous vivons à une époque plus facile où on ne va pas puiser dans ses réserves, on baisse très facilement les bras.

Heureusement, on a des jeunes qui ont encore le sens de vouloir se dépasser et avancer dans la vie. Mais il faut se connaître soi-même et apprendre à se connaître.

  • Pensez-vous avoir été “béni des dieux” ?

Je ne pense pas pouvoir dire cela mais je dirais tout simplement que dans la vie, il ne faut pas compter sur la chance mais surtout, il ne faut pas avoir de malchance. C’est un peu ce qui s’est passé avec moi.

Je suis quelqu’un qui donne énormément de valeur à la vie, celle que j’ai mené et que j’ai beaucoup risqué, c’est vrai qu’avec du recul je pense un peu à tout cela et s’il y a quelqu’un au-dessus de nous je le remercie car c’est vrai que beaucoup de gens n’ont pas cette chance là.

Je sais combien j’ai lutté pour cette vie, pour la garder mais aussi pour ne pas la détruire, tout cela est très important. Et cela me fait sortir de mes gonds quand je vois tous ces gens prisonniers d’une cigarette, je ne sais pas où est le plaisir à détruire sa propre vie.

  • Comment apprécier les choses simples après avoir eu autant d’adrénaline ?

C’est vrai qu’avec la vie que j’ai vécu et tout ce que j’ai risqué, j’aurais dû mourir plusieurs fois, c’est un fait.

      Et comment cela se fait qu’aujourd’hui je ne suis pas dégoûté de la vie ?

Je ne suis pas blasé, et pas blasé du ski non plus. Tout simplement, au départ c’est que j’aime la vie, c’est la première des choses. Et encore aujourd’hui, j’ai des plaisirs avec des choses tout à fait simples. Moi, mon plus grand plaisir c’est de transmettre. Et là ce n’est pas dans les exploits, ce sont dans les leçons de skis.

Un jour j’ai enseigné le ski à une personne de 72 ans, qui n’avait jamais vu de paire de ski, avait fait deux ans de camp de concentration et qui avait pour objectif d’apprendre à skier. Il avait auparavant 5 ou 6 moniteurs qui lui ont tous dit : “Le ski c’est pas pour toi” et j’en ai fait un très bon skieur en neige vierge.

Et quand je pense au ski ou que je parle du ski, j’ai souvent cette photo qui me revient de ce monsieur avec un grand sourire en neige vierge et qui se moquait des moniteurs qui étaient à côté de la piste à 20 mètres de lui et qui avaient dit que le ski c’était pas pour lui. Si vous voulez, apporter quelque chose à quelqu’un, je le fais toujours aujourd’hui en donnant des leçons de ski.

Même de skier pour moi, c’est toujours un plaisir, pourquoi ? Parce que moi je skie avec le terrain, c’est lui qui m’inspire. Et il m’inspire aujourd’hui comme il m’inspirait à l’âge de 20 ans.

  • Quand avez-vous compris que vous réaliseriez de grandes choses ?

Ce que j’ai fait, je crois, était écrit lorsque j’avais déjà 6 ou 7 ans parce que les premières cinq minutes où j’ai glissé sur une paire de skis, lorsque j’avais 5 ans et des poussières, c’est à ce moment-là que je me suis aperçu que j’existais.

Je me suis découvert. Cette glisse, je l’ai sentie. Ce mot qu’on emploie aujourd’hui tous les jours, “la joie de la glisse”, le plaisir de la glisse, je l’ai sentie. Je ne savais pas ce que j’allais en faire mais je savais que j’allais l’utiliser. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai toujours commencé à skier partout où les autres ne pouvaient pas skier, et tout seul.

J’étais de famille pauvre, nous avions des vaches et du bétail mais nous sommes des familles qui n’avons jamais eu faim pendant la guerre. Nous avions toujours à boire et à manger mais on travaillait. À l’âge de 7 ans, le matin je me levais pour apporter le lait à la laiterie qui se trouvait à 3km de la ferme où nous étions, à 800m d’altitude. Beau temps, mauvais, neige ou pas neige, j’y allais avec les skis et il ne fallait pas renverser le lait. C’était la même chose le soir, nous allions à l’école avec mon frère et en rentrant, il fallait s’occuper du bétail. Et ceci toute ma jeunesse. Et à l’âge de 12 ans, je gardais une vingtaine de génissons (qui ne sont pas encore des vaches) à 2000m d’altitude, tout seul avec un chien.

J’avais cinq tôles, deux de côté, une derrière, une devant et une qui servait de toit, et mon chien. Et ceci pendant deux mois. Mon père venait me voir une fois par semaine pour me rapporter la nourriture.

Et bien le jour où mon père m’a dit que c’était terminé, je crois que c’est la seule fois que j’ai vraiment pleuré. Je savais que je quittais quelque chose de fantastique pour rentrer dans une autre vie, qui pour moi n’avait pas tellement d’avenir. Mais, tout de suite, le sport a pris le dessus. Tant et si bien que si aujourd’hui je devais recommencer, y compris garder ces génissons, je referais exactement la même chose.

C’est peut-être aussi une des raisons pour laquelle j’ai la chance de me lever le matin en me disant que la vie est encore fantastique. Tous les jours, il y a encore quelque chose de nouveau qui m’arrive. Étant donné que je voyage beaucoup, cela fait des années que je cours à travers le monde, que je rencontre des gens toujours très intéressants, j’en donne la preuve à l’instant même.

Et bien tout cela fait partie de la vie, c’est un réconfort, c’est une nourriture presque, et il y a des échanges.

 

Si vous vouliez encore plus d’information :

Sylvain SAUDAN est un pionnier du ski extrême dont les exploits lui ont valu le titre de “Skieur de l’Impossible”, grâce notamment aux descentes de l’Innominata (4810m), du Mont McKinley (6178m) et du Hidden Peak (8068m).

Il a frôlé la mort des dizaines de fois et a perdu de nombreux membres de son équipe. Aujourd’hui il continue de vivre de cette passion et organise 8 semaines de descente à ski héliporté par an sur l’Himalaya Indien, dans la région du Cachemire.

À 81 ans, Sylvain SAUDAN continue de skier un peu partout sur la planète. Il est aussi intervenant en entreprise afin de partager sa détermination, sa pugnacité et son expérience. Merci au Skieur de l’Impossible pour cette rencontre exceptionnelle !

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